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Homme Culture & Identité

L' identité masculine mise en questions / Le genre et l'égalité entre les sexes / Blog animé par Alexis Aguettant

A Catherine Vidal, par le professeur Jacques Balthazart

[NO n°2574 HOMMES-FEMMES: CE QUE DIT LA SCIENCE]


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En tant que scientifique vivant et travaillant Outre-Quiévrain (i.e. en Belgique), je suis surpris voire outré par les propos tenu par Madame Catherine Vidal dans le Nouvel Observateur.


La lutte contre les inégalités entre hommes et femmes est de toute évidence un combat très louable que je soutiens entièrement. Cependant égalité de droits et d’opportunités (de vie, de carrière…) ne signifie pas identité (indifférenciation) entre hommes et femmes. « C’est absurde » comme le dit très justement la ministre des Droits des Femmes Najat Vallaud-Belkacem dans le Nouvel Observateur du 6-12 mars (page 87).


La plasticité du système nerveux, mise en exergue par Madame Vidal, est sans l’ombre d’un doute une réalité et elle contribue de façon très importante à la genèse des différences tant comportementales que neuroanatomiques et neurophysiologiques entre hommes et femmes. Ceci étant, il est absurde de prétendre :


1) que les différences entre hommes et femmes en dehors du domaine de la reproduction sont exclusivement le résultat de l’éducation différentielle des garçons et des filles. Cette éducation différentielle, qui ne peut être niée, amplifie des différences d’origine biologique qui sont présentes à la naissance.


2) que les hormones sexuelles n’influencent pas le comportement sexuel de l’espèce humaine. Notre cortex, plus développé que celui de tous les autres mammifères, exerce certainement un contrôle important sur cette activité mais la motivation sexuelle sous-jacente est sans l’ombre d’un doute sous contrôle hormonal tant chez l’homme que chez la femme.


3) que l’orientation et l’identité sexuelles sont exclusivement déterminées par l’éducation et l’environnement social du jeune enfant. Des influences génétiques et hormonales prénatales indéniables ont été clairement mises en évidence dans de nombreuses publications qui pour la plupart ont été reproduites. Elles n’expliquent certes pas l’entièreté du phénomène et il est possible que l’environnement post-natal joue un rôle à ce niveau mais celui-ci n’a jamais été clairement mis en évidence dans des études quantitatives.catherine vidal,jacques balthazart,neurobiologie,neuroendocrinologie,identité sexuelle,genre

On aurait pu croire que la querelle inné/acquis (Nature/Nurture) qui a fait rage entre éthologistes et psychologues dans les années 1950-60 avait été résolue par un compromis intelligent acceptant le fait que tout est interaction à des degrés divers entre inné et acquis. Il existe des centaines d’études scientifiques méthodologiquement très sophistiquées qui établissent ces faits de façon irréfutable et sont présentées notamment dans le livre que j’ai publié sur ce sujet en 2010 (Biologie de l’Homosexualité, Editions Mardaga, 312 pp ; ISBN : 9782804700379) ou dans l’émission  d’Universcience.TV disponible sur internet (http://www.universcience.tv/video-l-homosexualite-revue-par-la-science--2989.html). Nier leur existence relève à mon sens du « négationnisme scientifique » (excusez le néologisme).

 

 

 

Professeur Jacques Balthazart

Chargé de Cours en Neuroendocrinologie du comportement

Université de Liège

NB. Cette note constitue un avis personnel, elle n’engage en rien l’Institution qui m’emploie.

 

 

source : http://paroledeslecteursdunouvelobs.blogs.nouvelobs.com/archive/2014/03/18/a-catherine-vidal-par-le-professeur-jacques-balthazart-525780.html


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