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Homme Culture & Identité

L' identité masculine mise en questions / Le genre et l'égalité entre les sexes / Blog animé par Alexis Aguettant

Les enfants du divorce, coupés de leur père, sont-ils discriminés ?

Jean-Louis Guimberteau. Photo DR.

Il a parcouru 800 km, de Bordeaux à Paris... à pied, en poussant une brouette. Jean-Louis Guimberteau a pour la deuxième année consécutive mené à bien ce défi auquel il s'était engagé.

S'il fait cela, ce n'est pas pour entrer dans le livre des records ou susciter l'admiration du public. Jean-Louis se bat contre les erreurs judiciaires, et veut mobiliser l'attention sur le sujet. Il estime lui-même être victime, depuis des années, de la justice française. Il affirme que son père, après avoir divorcé de sa mère, l'a entièrement déshérité au profit de la fille de sa nouvelle compagne, en lui revendant tous ses biens à vil prix. Mais il n'a jamais réussi à en convaincre les juges.

Nous avions fait un premier portrait de cet homme atypique, et raconté un peu plus en détail son histoire, lors de son départ depuis Bordeaux. Nous l'avions ensuite croisé à mi-parcours dans le Loiret et nous étions fait l'écho de cette rencontre. Un peu plus d'un mois après son arrivée à Paris, le 13 décembre, nous l'avons recontacté pour savoir quel bilan il tirait de cette expérience insolite.

LexTimes.fr : Comment avez-vous vécu ce périple ? Êtes-vous satisfait ?
Jean-Louis Guimberteau : Oui car j'ai pu effectuer la totalité du parcours, dans la durée que j'avais prévue. Dans l'ensemble le tracé a été complètement respecté. Le physique a tenu, c'est l'essentiel, j'étais quand même parti avec une blessure au genou, qui ne me faisait pas très mal quand je marchais mais qui était douloureuse durant les nuits. Sur le temps, j'ai eu de la chance, c'était beaucoup moins dur que l'an dernier ne serait-ce que sur la météo ! L'an dernier j'avais eu droit au froid, au vent, à la pluie, à la neige, j'avais eu la totale. Les jours de beau temps s'étaient comptés sur les doigts d'une main, et encore. Cette année, c'était le contraire. J'ai eu quelques jours de pluie, deux ou trois averses, c'est tout.

Vous vous arrêtiez à chaque étape devant les tribunaux pour porter vos revendications. Avez-vous eu de l'écho ?
Dans toutes les étapes prévues à cet effet je m'arrêtais une demi-heure devant les tribunaux. Les gens comprenaient très bien mes problèmes avec la magistrature. Ils réagissaient agréablement, j'ai reçu plutôt de la sympathie et du soutien, l'écho était plutôt favorable. Certains avaient entendu parler de moi. J'en ai même croisé sur la route, qui m'avaient vu à la télé au départ ! Donc j'ai été interpellé plusieurs fois par des gens qui m'ont fait signe soit pour me remercier, soit pour m'encourager, même par de simples coups de klaxons...

Qu'expliquez-vous à ces gens quand ils s'arrêtent ? Que votre combat en général dépasse votre cas personnel ?
Oui, et quand je l'explique aux gens, ils saisissent... Moi, quand je vois une injustice, que ce soit Patrick Dils ou Outreau, cela me révolte. Je ne comprends pas qu'une évidence ne saute pas aux yeux de la justice, cela me semble aberrant. Même chose actuellement pour Christian Iacono, on ne met pas en prison quelqu'un sur qui il n'y a plus de charges qui pèsent ! Sans parler de Dany Leprince, l'affaire Seznec... Ou cet autre SDF qui s'est retrouvé en prison parce qu'il avait volé un sandwich... Il y a des choses qui ne vont pas.

Que ressentez-vous en marchant ?
De la détermination. On me parle de courage mais moi je ne le vois nulle part. Il n'y a aucun courage là-dedans. Mais de l'obstination et de la détermination, oui.

Quel a été le moment le plus dur ?
C'est quand je me suis retrouvé à Bellegarde. C'était le 4 décembre. Il y avait un vrai déluge. C'est la seule journée où il y a eu beaucoup d'eau. J'espérais qu'il y ait un feu rouge pour que je puisse faire de l'auto-stop, demander à un conducteur d'avoir la gentillesse de me prendre. En général quand il y a un feu rouge, c'est une question d'un quart d'heure, une heure maximum. Parfois des gens qui avaient entendu parler de moi s'arrêtaient et m'emmenaient. Ce jour-là, j'ai attendu trois heures sous les seaux d'eau, même plus ! Et finalement, quelqu'un de très sympathique a fait demi-tour pour aller me chercher et m'a emmené.

Et les meilleurs moments ?
Il y en a eu plusieurs. Un bon souvenir est le pont de pierre à Bordeaux. Cela m'a marqué... Sur France Bleu Gironde ils ont passé à 8h15, une heure avant que je parte, un petit billet humoristique vraiment sympathique qui a duré cinq bonnes minutes. J'étais dans la voiture avec mon cousin qui m'amenait au point de départ et je l'écoutais, cela m'a encouragé. Il y avait du monde au départ au niveau de la presse, des coups de klaxons, des bonjours, c'était sympathique et encourageant. Mais la grosse satisfaction était peut-être l'arrivée à Paris sur les Champs-Élysées. Il ne pouvait plus rien m'arriver ! Il y avait une belle couverture de presse, TMC qui me suivait depuis Nanterre, l'école de journalisme qui était là à mon arrivée à la Cour de cassation.

Et devant la Cour de cassation, avez-vous eu un bon accueil ?
Non, c'était assez froid. Ceux qui sortaient n'avaient pas l'air très contents que je sois là.

Vous parlez des juges ?
Je ne sais pas, je voyais des gens sortir qui me regardaient avec une certaine hauteur, qui avaient l'air de me mépriser... L'accueil n'a pas, non plus, été bon à Versailles, je distribuais des tracts devant les tribunaux et des personnes qui n'appréciaient pas ont appelé la police...

Comptez-vous refaire cette expérience l'an prochain ?
Je n'en sais rien... Si cela ne tenait qu'à moi, oui je le referais, je serais même partant à 3000 %. Mais j'ai aussi une vie familiale, comme tout le monde j'ai aussi d'autres soucis, la santé de proches, ce genre de choses. Donc pour l'instant je n'y pense pas... Mais si ça peut être planifié, j'ai besoin de cette lutte et de ce combat, ils sont vitaux pour moi. Si cela devait se refaire, il y aurait de nouvelles améliorations, on en trouve toujours d'une année sur l'autre.

Y a-t-il des échéances judiciaires qui vous attendent aujourd'hui ?
Pour l'instant non. On est en train de voir avec l'ANVEDJ pour d'éventuels recours devant la cour de révision ou la cour européenne des droits de l'homme...

Sur quel fondement pourriez-vous aller devant la CEDH ?
Je vois dans mon cas une discrimination envers les enfants du divorce.

 

 

source : http://www.lextimes.fr/5.aspx?sr=714#.T21b5Y7J5CZ

 


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